En 2018, le professeur Michel Lejoyeux a publié un ouvrage intitulé : La médecine du bon sens : Un programme pour une vie saine et harmonieuse fondé sur l’expérience de nos ancêtres, aux Éditions JC Lattès. Il aborde quatre « médecines » pratiquées par nos ancêtres, à savoir comment se soignaient les hommes préhistoriques, les principes de la médecine chinoise, les préceptes d’Hippocrate et les expériences des alchimistes.

Je vais me concentrer sur le chapitre qui présente la médecine chinoise, mais le livre en entier est passionnant et plein de bon sens !

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Les principes de base

Une fois n’est pas coutume, l’auteur ne présente pas les principes théoriques de la Médecine traditionnelle chinoise (MTC), comme le Yin et le Yang, et toutes ces patentes que notre esprit occidental n’appréhende jamais dans son exactitude. Les principes énumérés sont la patience et la lenteur, la puissance du retrait et du non-agir, et la recherche de l’harmonie. N’est-ce pas là un beau programme de remise en forme ?

« Ce n’est pas en allant plus vite que l’on va plus loin ou que l’on est plus efficace. » Voilà un principe qui va en contre-courant de nos modes de vie. Et pourtant rien n’est plus vrai, surtout dans le domaine de la santé. L’organisme est un formidable compagnon de route qui supporte beaucoup, beaucoup de nos excès, sans se plaindre. La nourriture déséquilibrée, la manque de mouvement, le stress mental… Mais un jour il succombe et tombe malade. On ne peut pas demander à notre corps de se rétablir en quelques jours, alors qu’il lutte depuis des mois, voire des années, pour suivre notre rythme effréné. Et pourtant c’est ce que nous faisons en majorité, à coup de médicaments. Mais on le sent bien, au fond, que ce n’est souvent qu’un emplâtre sur une jambe de bois, et qu’un jour il nous faudra prendre le mal à la racine.

En shiatsu, il suffit souvent de trois séances pour améliorer un problème de santé, parfois plus, rarement moins. La première séance consiste en un bilan corporel global, la deuxième séance s’attaque plus spécifiquement au problème de santé, et la troisième emballe le tout, c’est-à-dire relie les différentes parties du corps pour équilibrer l’organisme dans son ensemble. Évidemment ce « protocole » varie selon le problème de santé et les individus. Mais moins de trois séances permet rarement de bénéficier pleinement des bienfaits du shiatsu.

La puissance du retrait et du non-agir n’est pas une invitation à tout abandonner, mais plutôt au lâcher-prise. On pense aussi à la prière de la sérénité qui dit : « Mon Dieu donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence. » Le principe du retrait et le non-agir invite à prendre du recul pour observer une situation, avant d’agir avec parcimonie et bienveillance.

Le shiatsu est fondé sur cette approche de faire peu mais faire bien. En alternant des massages dynamiques, qui dispersent l’énergie (le Ki), et des techniques plus douces, qui agissent en profondeur, nous appliquons le principe de « Moins, c’est plus » (« Less is more »). Le but n’est pas de forcer le corps à se rétablir, comme le ferait un médicament, mais de lui donner l’énergie et les ressources nécessaires pour qu’il puisse par lui-même « se refaire une santé ».

Je précise toutefois que je ne suis pas opposée à la prise de médicaments, qui reste dans certains cas une nécessité. Comme le dit le professeur Lejoyeux dans son introduction, « la médecine du bon sens est plus efficace que spectaculaire. Elle se sert des médicaments classiques quand ils sont nécessaires. Mais le plus souvent, elle prescrit du plaisir, de la liberté, de grands principes de santé et des moments où on se laisse un peu aller. »

Le principe fondamental de la médecine chinoise se résume à sourire à l’instant présent. Et cela représente pour nous tous déjà un grand défi. On commence quand ?