À ne pas confondre avec le shih-tzu, ce petit chien à poils longs, ou le ju jitsu, qui regroupe des techniques de combat des samouraïs, le shiatsu est une technique massage manuel relativement récente, originaire du Japon, et qui s’inspire de la médecine traditionnelle chinoise.

Le shi-atsu signifie littéralement « pression des doigts ». Provenant du massage Amma, il se développe au Japon au début du XXe siècle. En 1955, le ministère japonais de la Santé reconnaît le shiatsu comme une médecine à part entière. Aujourd’hui, il se pratique dans de nombreux pays du monde.

Traditionnellement, le shiatsu se pratique sur le sol, sur un futon. Le receveur porte des vêtements souples et confortables, de préférence en coton ou en fibres naturelles, pour ne pas créer d’interférences entre le corps du receveur et la main du praticien.

Il existe plusieurs écoles de shiatsu, la plus connue en Occident étant celle de Shizuto Masunaga. Ce maître du shiatsu a étudié les principes de la physiologie occidentale, et les a intégrés dans sa pratique. D’autre part, il a aussi développé la théorie des cinq mouvements, ou éléments, de la médecine traditionnelle chinoise. Il a ainsi créé un pont, comme un point de convergence, entre les médecines chinoises et occidentales, et en a fait une technique de massage manuelle inédite et très efficace.

En Occident, cette technique est connue sous le nom de Zen Shiatsu. Différentes écoles continuent à développer l’art de Shizuto Masanuga, et à l’enseigner à de nombreux praticiens de la santé, en y ajoutant leurs propres interprétations. Alors que certains courants mettent l’accent sur le traitement énergétique des méridiens, d’autres y intègrent des étirements et des mouvements plus dynamiques.

Comme la majorité des méthodes de massage, le Zen Shiatsu est suffisamment souple dans sa pratique pour pouvoir y intégrer d’autres techniques, sans en perdre l’essence même. Ainsi, vous ne recevrez jamais le même shiatsu de deux praticiens différents, mais vous y retrouverez la même approche et la même rigueur.

En effet, le shiatsu est une technique exigeante. Elle demande beaucoup de pratique pour pouvoir décoder les besoins du corps, au travers de la grille de lecture de la médecine traditionnelle chinoise. Bien que la théorie soit indispensable à une bonne compréhension des qualités de chaque méridien, c’est grâce à une pratique humble et régulière que les mains comprennent le fonctionnement du corps, autant physique qu’émotionnel et mental.

Je dis « humble » car la pratique du shiatsu requiert beaucoup d’humilité dans son approche. De nombreuses fois j’ai été témoin de la bonne intelligence du corps, qui sait ce dont il a besoin, et montre le chemin pour l’obtenir, pour autant qu’on sache l’écouter. Lorsqu’une personne me remercie pour le massage, je dis parfois que je n’y suis pour rien, je n’ai fait que suivre les panneaux de signalisation!

Le corps prend parfois des chemins tortueux pour arriver à atteindre l’équilibre. C’est pourquoi une séance de shiatsu ne ressemblera pas à la prochaine séance, ni aux suivantes. Le corps est un organisme en constant changement. Comme le dit un dicton oriental : « La vie est un changement permanent et la seule chose qui ne change pas, c’est que tout change tout le temps! »

Notre corps ne déroge pas à la règle. C’est pourquoi il est parfois difficile d’expliquer en quoi va consister le traitement et quelles techniques je vais utiliser. Il m’est arrivé de décrire le shiatsu que je pratique comme une technique plutôt dynamique, et de donner finalement un traitement plus énergétique et immobile, car c’est cela dont avait besoin cette personne. Dès lors, je préfère répondre : « Ça dépend de ce que je trouve sous mes mains. » Car si la tête pense, les mains ressentent et se trompent moins souvent.

Le shiatsu est décrit par l’Association suisse du shiatsu comme « l’art du toucher ». Tout un programme! On pourrait trouver ce qualificatif un peu présomptueux, mais si on y pense, être un artiste, ce n’est pas être parfait, c’est être créatif. Et s’il y a un domaine thérapeutique où on peut être créatif, c’est bien la massothérapie.

En pratiquant le shiatsu sur le sol, les possibilités se multiplient dans toutes les dimensions. Puisqu’il n’y a pas de risque de tomber de la table (!), le praticien peut faire des étirements ou des mobilisations de grande amplitude, que ce soit vers la gauche, la droite ou même en direction du plafond. De plus, le corps du praticien devient un support supplémentaire pour soutenir le corps du receveur, libérant ainsi les mains pour d’autres tâches. Le shiatsu se transforme en une danse fluide et rythmée pour le plus grand bien du receveur.

Finalement, pour savoir en quoi consiste une séance de shiatsu, le plus simple est de l’essayer. Il y a de fortes chances pour que vous soyiez conquis par cet « art du toucher », encore très peu connu au Québec.